Merci Alf 15, voici mon CR des 6h de RouliRoula 2017 :
04 Juin 2017 (Dimanche)
Les 6h de RouliRoula 2017 à Nivelles, Belgique.
Endurance speed 164 km en Bont Jet 2 pts Platines 3x125 Powerslide XXX 12"6 roues Matter One20Five Wide Shape F0 neuves (première sortie) + cales 2 mm.
Tour du circuit en vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=7W2oUvG4O_0
164 km oui et non 161 km comme indiqué dans les résultats, car le dernier tour n'a pas été pris en compte par l'organisation.
Or quand on passe la ligne d'arrivée à H-4 minutes, et qu'un tour prend 6 minutes, il est de coutume de comptabiliser ce dernier tour, et avoir donc un temps légèrement supérieur à 6 heures. Espérons que cette erreur sera corrigée : tous les participants y gagneront.
Pascal Briand vous le confirmera : quand vous avez une course : mettez des roues neuves (quand vous pouvez, hein)
Mes 6h de Troyes dans la fournaise m'ont réellement fatigué.
Je suis passé par la perte d'appétit, le mal de dos, les pieds enflés, une grosse ampoule au talon droit interne, et une grande fatigue générale.
Faire deux 6h à une semaine d'intervalle, c'est quelque chose que j'ai très, très souvent fait.
La question n'est pas de savoir si je vais pouvoir rouler pendant 6h, mais plutôt si je vais être performant.
Ne rien faire du tout entre les deux 6h ne me séduit pas plus que ça...
Donc, après 2 jours de repos, je me fais un petit décrassage de 18 km le mercredi soir, sans trop forcer. Mais c'est toujours la fatigue.
Le lendemain matin, une autre sortie de 32 km, où je constate que la forme revient, bien que je sois encore fatigué.
Et ce sera tout entre ces deux 6h. Rien le jeudi soir, rien vendredi, et rien samedi.
La préparation aux compétitions demande vraiment beaucoup de sacrifices...
Car en effet, vendredi et samedi, je me sens beaucoup mieux, et la météo est magnifique, avec des températures toujours très chaudes.
Mais je m'astreins à un repos forcé.
Rendez-vous est pris avec Sanglier76 à Thionville à 15h, j'y vais avec ma voiture, et, de là, on prend tous les deux sa voiture et on file direction la Belgique via le Luxembourg.
On débarque à l'hôtel de Nivelles en fin d'après-midi, alors que le temps se couvre et que la température baisse.
L'hôtel est situé dans une rue adjacente au circuit lui-même : difficile de faire plus proche ! (Bravo à Sanglier pour la logistique !)
On se fait un tour du circuit (2,7 km) en voiture afin de repérer les lieux. C'est en fait un ancien circuit automobile reconverti en zone d'activités. Le tracé passe donc par le circuit lui-même ainsi que par des rues transversales.
Le revêtement est bon partout, mis à part une zone de 30 mètres, pavée. Pardon, ce ne sont pas des pavés ! Tous les Belges vous reprendront là-dessus - ce sont des klinkers.
Des blocs de béton rectangulaires de 15x20 cm ajustés en... pavés. Pardon, en klinkers.
Samedi soir vers 21h, une forte averse détrempe le sol, et la nuit à chaque fois que je me réveille, je jette un coup d'oeil à la fenêtre et constate que ça sèche doucement. (la veille d'un gros run mon sommeil est toujours entrecoupé).
Le lendemain matin, il ne fait que 14°C, ciel très couvert, sol sec, et avec Sanglier on est sur le spot dès 08h00.
Les gens affluent, et participants, staff, tout le monde s'installe dans la bonne humeur, tandis que le soleil commence à percer les nuages.
ça parle néerlandais un peu partout, et c'est avec plaisir que je vois flamands et Wallons réunis dans la convivialité.
Un jeune Solo Flamand, Dave, nous demande s'il peut s'installer sur notre spot, vu qu'on est à la limite de fin de la zone relais, et qu'il n'a personne pour garder ses affaires.
(on se comprend d'ailleurs mieux en anglais qu'en français...)
Je chausse et me fais trois tours de reconnaissance.
On me demande si je suis solo. Solo-solo, ou avec équipe ? Non, solo-solo. Ah, ça c'est dur. Je dois comprendre que face à moi va y en avoir qui seront draftés par leurs équipes.
Zut, j'ai bien essayé de chercher les résultats des 6h de RouliRoula 2016... En vain, et pour cause : 2017 est la toute première édition.
Je parcours du regard les autres participants : il va y avoir deux fauteuils roulants poussés par des équipes PMR (personnes à mobilité réduite), une naine en roller, très courageuse, car son amplitude de poussée est extrêmement petite, et surtout parce qu'elle se confronte seule à un monde compétitif, qui vous observe, vous jauge et vous juge.
Des enfants, beaucoup d'enfants, majoritairement néerlandophones, quasiment tous blonds, entre 10 et 13 ans environ, dont le niveau est tout simplement stupéfiant.
En particulier, les équipes du club flamand "REKO", certainement futurs championnes et champions dans quelques années.
Les équipes RouliRoula, PUC, Gossip, Valenciennes, sont à pied d'oeuvre et prêtes à en découdre.
D'impressionnantes délégations issues du monde du Derby, du quad sous toutes ses formes, complètent ce tableau pour le moins hétéroclite.
Je n'ai aucune idée de qui se trouve solo homme drafté par équipe. Enfin, je veux dire : visuellement, ils ressemblent à qui ? Mystère. Pour ma part, j'embarque un sac à dos avec une gourde de rechange, un sac banane avec de la nourriture, et une autre gourde à la main.
À la dernière minute, le staff nous annonce par micro que ce sera un départ déchaussé façon "Le Mans". Zut, alors. Et moi qui aime prendre mon temps pour bien chausser.
À côté de moi, la Flamande Hilde, championne solo femme bien connue, menue comme une sprinteuse, bronzée comme une solo de la transat, piaffe d'impatience. C'est une vraie pile. Elle trépigne, saute sur place, claque des mains, danse en chante (en néerlandais !)
Et c'est le départ, à 10h pile ! On court, chausse, saute et fonce vers l'inconnu.
Le premier rond-point, est vraiment technique. Seul, aucun problème, on se le prend à fond, bien qu'étant dans une descente.
Mais quand il y a du monde, c'est une toute autre histoire. Je m'y suis fait quelques frayeurs, esquivant de justesse des patineurs lents. (il y aura à cet endroit un gros carton entre un patineur et une chaise roulante !)
Ensuite une longue ligne droite, vent de dos, à fond. Passage sur 30 mètres de pavés. Pardon, de klinkers. Virage à 180° sous les encouragements du staff, et re-ligne droite vent de face et re-klinkers, très dur.
Re-encouragements au micro cette fois, dans la ligne des stands (celle qui encourage va y laisser sa voix !)
Le vent va souffler d'abord doucement, et ne fera que forcir, pour terminer, vers 16h, avec des rafales à plus de 35 kmh.
Je roule seul, ne voyant personne derrière qui me placer. Vers 11h, ça se couvre et quelques gouttes se mettent à tomber. Oh, non ! Je me prends le rond-point une fois à allure réduite, l'adhérence ayant pris un coup. Fort heureusement, cette ondée sera de courte durée et sèchera quasi instantanément.
Sanglier m'informe rapidement que je suis 3eme, car deux solos sont devant moi.
Ils ont dû chausser plus rapidement et partir immédiatement derrière leurs équipes.
ça va être dur de les rattraper, mais je force pendant 2 heures, jusqu'à voir apparaître devant moi le premier solo hommes : Simon (c'est écrit dans son dos). C'est aussi écrit "Roulage People", mais il est drafté par l'équipe du PUC roller, et il a 24 ans.
Quant à l'autre solo qui était devant moi, c'est un jeune gars de chez Gossip, il a dû lever le pied, je ne sais pas trop pour quelle raison, du coup, c'est moi qui suis 2eme derrière Simon.
Sanglier m'informe que désormais, Simon et moi-même sommes dans le même tour.
J'ai quand même un doute à l'esprit, mais j'accepte cette info comme telle. Simon et moi roulons ensemble.
À chaque fois que je mets une accélération, vent de dos, Simon ne me lâche pas d'un centimètre. Et quand il est devant, il y va cool. Il semble se contenter de conserver un avantage qu'il a déjà pris sur moi.
J'accélère, il est là. Il est devant, on roule pépère. Pas moyen donc pour moi de faire autre chose que de rouler avec lui. Du coup on discute pas mal ensemble, et ce n'est que vers la fin que mes doutes se confirment : Simon m'explique qu'il m'a pris deux tours dès le début.
Je comprends alors mieux pourquoi il roule pépère !
Pépère et léger : son équipe le fournit en boisson, barres de céréales, tandis que je transporte tout mon barda. Mais bon, je ne veux pas jouer les victimes : après tout, c'est de bonne guerre, à sa place, j'aurais fait pareil.
Deux fois je sollicite les RouliRoula, placés sur la pelouse avec leur tente près de nos affaires, afin qu'ils me passent une de mes gourdes de boisson isotonique. (j'aurai bu au total, pendant cette course, 4 gourdes de 650 ml). Et des litres d'eau après !
Dans le dur, vent de face, Simon me coupe le vent. Comprenant qu'il ne sert à rien de tenter de le semer, mes accélérations en ligne droite vent de dos ne sont là que pour le fun, et prendre du plaisir à tracer.
Parfois, je me cale derrière un gars de l'équipe du PUC (qui ne cesse de se retourner en demandant : Simon, t'es là ? Amusant : Oui, Simon était bien là, et moi-aussi j'étais là.
Donc du coup, quand les gars du PUC tiraient Simon, ils me tiraient aussi.
Chez les filles, la très sympathique Caroline, du PUC m'a bien aidé sur quelques tours.
Je dépasse régulièrement Hilde, qui s'est manifestement calée sur un rythme de préparation aux 24h du Mans.
Sanglier finit par comprendre que Simon a bien 2 tours d'avance sur moi (l'info erronée provenait en fait du staff du chronométrage, qui avait répondu un peu à la va-vite à un Sanglier par ailleurs très pressé !) Et de fait, sur cette course de 6h, il a fait un bon roulage. Le niveau global des solos hommes était assez bon.
À déplorer, une grosse chute d'un des solos hommes, je ne sais comment il s'appelle, il était tout en bleu : il s'est bien esquinté les genoux et a bousillé ses boucles micro. Un bon rétablissement pour lui !...
Vers la fin, roulant à la cool et quelque peu bouillis par le vent de face en côte, Simon et moi-même nous faisons plusieurs fois dépasser par les gamins du REKO, qui patinaient à fond de leurs capacités, usant de leur meilleure technique, et, soit c'était nous qui étions ridicules, soit c'étaient eux qui étaient juste admirables.
On passe l'avant-dernier tour alors qu'il reste 4 minutes avant la fin : c'est donc parti pour le dernier tour.
J'accélère vent de dos dans la montée avant la descente vent de face vers la ligne d'arrivée. Simon se sépare alors de moi et se met à pousser fort. Je tente de le poursuivre, mais il est plus rapide, et passe la ligne d'arrivée avec 50 mètres d'avance sur moi... et 2 tours.
Peu avant les podiums, je parle un peu avec Hilde : elle m'explique qu'elle a en fait été handicapée par une paire de rollers (les boots) qui ne lui convenaient pas. Quant à ses roues 3x125, des DIM (gomme blanche noyau à bâtons jaunes), elle en était très satisfaite.
Lors de la remise des prix (des médailles RouliRoula), je vois enfin arriver le 3eme solo hommes, un jeune gars d'une vingtaine d'années, comme Simon.
Il me semble pouvoir affirmer sans me tromper que mon âge est supérieur à la somme de leurs âges respectifs.
Pour ma part la difficulté majeure était une récupération incomplète après l'épreuve caniculaire de Troyes.
Et c'est le retour au bercail, Sanglier au volant, sur les autoroutes belges, luxembourgeoises, et françaises.
Edit : très sympa témoignage de Simon sur FB, qui a en réalité beaucoup souffert des pieds ! Bon rétablissement Simon, et merci à toi, ça a été une bonne course. Tu as su tirer parti de ton team comme il fallait et bien gérer ensuite.