29 Juillet 2012
Grosse rando speed, Metz - Piesport - Metz, de 04h30 à 20h23, soit 15h53 pour (162,55 km x 2 = 325 km) soit 20,46 kmh.
Une grosse aventure, comme toujours...
http://www.openrunner.com/index.php?id=1847297
Le temps de récupérer et je rédige le détail, car c'était assez spécial : départ sur le mouillé, vent fort... et de monter une vidéo.
Je plane complètement ce matin...
Mini galerie photos, en attendant le montage vidéo qui lui peut prendre un peu plus longtemps…
https://picasaweb.google.com/gui.gui.ro ... Km29072012
Préambule
Si l'année 2011 m'a vu faire des randos de plus de 300 km jusqu'à 4 fois dans l'année, 2012 en revanche ne le verra sans doute qu'une fois.
Plusieurs raisons à cela, mais la principale, c'est pour une question d'équilibre. Je m'explique :
Quand je fais 300 bornes, je ne me contente pas de rouler paisiblement, en me disant que j'arriverai quand j'arriverai, non. Au contraire je m'impose un rythme très soutenu, un timing, et les pauses sont hyper courtes et réservées aux besoins naturels, ravitaillement en eau, mélange de poudre isotonique.
Ce rythme très soutenu impose à l'organisme de puiser en lui-même d'énormes ressources énergétiques, musculaires, nerveuses…
Pour faire face à cette demande exceptionnelle, je suis obligé, un jour avant l'épreuve, mais surtout pendant l'épreuve elle-même, de me sur-alimenter et de me sur-hydrater. Or, cela ne correspond pas vraiment à mon mode de fonctionnement préféré. Je préfère en effet laisser mon corps choisir ce dont il a besoin, en terme d'alimentation, et ne pas lui imposer ce genre d'épreuve. Depuis que je pratique assidûment les abdos, je l'ai bien remarqué : j'ai entre 1 et 1,5 kg de masse viscérale en moins que l'année dernière. Et justement, l'année dernière, ces excès de longues endurances m'ont quelque peu "ballonné" ! J'ai donc le sentiment que mon corps n'est pas fait pour ces surdosages alimentaires et qu'il a besoin au contraire de régime plus normal !
Ceci dit, il est probable que je refasse de très longues endurances, mais ce sera avec deux changements majeurs :
1) Ce ne sera plus tout seul, ce sera à 2 voire à 3
2) Il n'y aura plus de rythme d'enfer imposé.
Et il me reste un format intéressant : le 200 km, que je peux pratiquer à un rythme totalement différent (jusqu'à 24 kmh).
Voilà, tout ceci pour dire que, lisez-bien ceci, c'est peut-être mon dernier 300 bornes à fond la caisse…
J'ai pris la décision de faire cette endurance 1 semaine à l'avance. Malgré cela, j'ai continué mes exercices de speed sur 70 km : 5 jours avant le 300 bornes, je me fais un 70 bornes en speed; 3 jours avant, j'en fais encore un. Et la veille, je fais un footing de 11 km. Tout se passe comme si j'avais oublié que pour réussir un 300 bornes, je dois me reposer 1 semaine à l'avance. Mais je n'ai pas envie d'interrompre mes exercices vitesse, car je suis en progrès constant. Je mise sur le fait que mon corps saura assimiler ce 300 bornes, comme le reste, avec l'idée sous-jacente que ce serait mon seul et unique 300 bornes de l'année.
La veille, j'ajoute à mon alimentation ordinaire quelques extras gourmands histoire de charger les réserves. Je fais mes préparatifs : Mes M100 sont montés avec des Matter Image jaunes 110 mm usées en 106-107 mm. Sac à dos, sac banane, outils, bouteilles, gourdes, casque, spray d'huile lubrifiante pour les roulements, etc…
La météo a prévu de la pluie vers 1h ou 2h du matin. Je sais donc que le départ, très matinal, se fera sur du mouillé. Et du mouillé, j'en aurai beaucoup.
La température ira de 16°C à 20°C, mais il fera bien plus chaud au soleil. Le vent, omniprésent, de WSW, soufflant jusqu'à 30 kmh en rafales, apportera toujours une grande fraîcheur.
Couché à 21h30, je me réveille à 3h15 du matin. J'entends la pluie qui tombe dehors… Je regarde sur la terrasse et je vois que la pluie est faible, par contre, il y a énormément d'eau au sol, de grandes flaques, comme si il y avait eu une tempête. Et c'est bien ce qui s'était passé.
Je prends donc tout mon temps (petit déj, rasage, derniers ajustements) afin de laisser le temps à cette pluie de s'arrêter, et au sol de sécher.
4h27, je suis fin prêt et je descends les escaliers. 4h30, c'est le départ. Le sol est trempé, mes roues n'ont pas beaucoup d'adhérence, et je suis obligé de freiner en "T" à mort car les descentes vers chez moi sont assez raides. J'essaye surtout de ne pas me vautrer pour mon départ !
La traversée de la ville est calme, il y a un petit vent, ça sent l'herbe coupée.
J'embarque 3,3 litres d'eau additionnée de poudre isotonique (2 bouteilles de 1 litre et 2 gourdes de 650 ml), 1 canette de Red Bull, un grand pot de poudre Isostar "Hydrate & Perform" goût orange, des madeleines, des biscuits complets, 4 mini-sandwiches au fromage, 4 tartines de pain complet au miel (que je ne toucherai pas), 3 barres chocolatées, et vous savez quoi ? Quelques bonbons Haribo fraise et réglisse, ces trucs qui ne sont que pour les enfants, soi-disant, mais qui sont tellement bourrés de dextrines qu'ils agissent exactement comme des sucres "coup de fouet". Faudrait même interdire ça aux enfants, à mon avis…
Arrivé sur la piste, je constate que de nombreux débris végétaux sont à terre, témoignant du coup de vent qui à eu lieu cette nuit. ça dérape de partout. Quelques branches arrachées.
Ma progression est lente, faute d'adhérence. J'espère que la piste va vite sécher. En fait elle sèchera, oui, mais dans 4 heures, au km 80, vers Staedtbredimus.
Je m'éclaire et me signale à l'aide d'une puissante lampe LED, que j'utiliserai jusqu'à Hauconcourt, 1h00 plus tard, et seulement 20 km plus loin ! Un record de lenteur. Si je suis incapable d'aller plus vite, je vais devoir assurer une grande régularité de progression et limiter au maximum les arrêts.
J'ai embarqué mon appareil photo-vidéo, et dès que la lumière du jour le permet, je prends quelques images, dont une splendide flaque d'eau géante, à Berg-sur-Moselle. Mon manque d'adhérence sur la piste est compensée par un vent assez favorable, de Ouest-Sud-Ouest. Il souffle par moments en rafales. Je me dis que c'est tant mieux, mais le retour sera difficile. Mais au moins une chose est sûre : pour le retour, ce sera sec.
Les odeurs végétales sont à leur comble, des odeurs d'herbe coupée, de bois vert : la raison en est de toutes ces branches cassées ou arrachées qui exhalent leurs parfums rafraîchissants : c'est très vivifiant. Le vent favorable me permet de maintenir une bonne moyenne à faible coût. La difficulté majeure vient de l'adhérence plus que précaire, notamment sur le gros gratton défoncé de la piste de Koenigsmacker. À berg-sur-Moselle, je ne peux éviter certaines flaques, mais je me dis que quand tout aura séché, je pulvériserai une bonne dose d'huile lubrifiante dans mes roulements.
Arrivé au km 60, à Contz-les-Bains, je balance une bonne giclée d'huile sous pression dans mes roulements, comme ça, par-dessus, et sans démonter. Le résultat est nickel, ça roule tout de suite bien mieux. Je m'engage alors sur les 5 km de route granuleuse entre Contz-les-Bains et Schengen.
La promenade de Remich semble avoir subi de plein fouet la tempête, quant à Staedtbredimus, il y a carrément une énorme branche d'arbre cassée qui barre le chemin. Et cette foutue piste qui continue de refuser à sécher, malgré l'heure tardive (8h30 du matin, et 4h de ride déjà…). Mais voici que je débouche sur la grande route du Vin, entre Staedtbredimus et Wormeldange, et là c'est sec ! Vent de dos à 20 kmh, je peux enfin prendre de la vitesse, mais sans excès. En effet je ne dois pas me laisser aller à cette envie de lâcher les chevaux, pas maintenant, pas à un quart seulement du parcours ! Je franchis le pont de Wormeldange et là c'est tout sec. Nittel, Wellen, Temmels… Temmels où je ne m'arrête pas pour puiser de l'eau, car j'avais embarqué 3,3 litres + 1 cannette de Red Bull (que je bois coupée à de l'eau) et j'ai largement assez de quoi tenir jusqu'à la station Shell de Trèves.
Oberbillig : on voit que l'embouchure de la rivière Sûre sur la Moselle charrie des boues rouges. Ces traces rougeâtres vont perdurer sur tout le reste du parcours.
Arrivé en haut du pont de Konz, la grande embouchure Saar - Moselle laisse elle aussi apparaître des méandres de boues rouges, consécutives aux orages.
Les pavés de Trèves s'avalent assez facilement grâce au vent de dos. Enfin la station Shell de Trèves. La boutique est là, avec son employé(e) qui change de tête à chaque fois que j'y mets les roues.
Je ne peux m'empêcher de lui signaler modestement que je suis en train de me taper un 300 bornes.
Il me souhaite bonne chance tout en encaissant le prix d'1 bouteille de 1,5 litres d'eau et d'une canette de Red Bull (car je sens que je vais en avoir besoin).
J'en suis donc au Km 120, et mon timing est parfait, il est 10h30, et ça fait donc 6 heures que je roule, je fais donc du 20 kmh. J'engloutis mon premier sandwich au fromage (du comté !), et je bois mon Red Bull coupé à l'eau pour faire descendre. Peu avant Rüwer, une pause, comment dire, une bonne grosse pause, quoi, planqué derrière les fourrés, et je repars plus léger ! Je me fais un peu penser aux chiens, c'est comme ça qu'ils font aussi, ils repartent tout frétillants…
La suite se déroule à un bon train. Les mauvais pavés de Riol ne posent aucun problème. Lorsque j'arrive à Detzem, puis Thörnich, la chaleur s'invite. Neumagen s'annonce au loin avec sa haute montagne. En ville, une bande de motards me suit doucement. Je leur fais signe que moi, je tourne à gauche, que je prends le pont, et eux, continuent tout droit. Je passe le pont et redescends de l'autre côté, direction ultime étape du voyage : Piesport. J'y arrive à 12h05. Le temps de prendre quelques photos, de cueillir des brins de lavande que j'écrase entre mes paumes, pour sentir cette merveilleuse odeur qui fait du bien, et je repars dans l'autre sens.
Aller : de 4h30 à 12h05, pratiquement 7h30 de ride, si je fais la même chose dans l'autre sens, ça me fera 15h00 de ride… Impossible ! Avec ce vent maintenant de face, je vais mettre au minimum une heure de plus au retour qu'à l'aller. Une heure ? Voire… Je vais forcer. Je vais tenir le coup face à ce vent et je vais même me fixer un but, tiens : pas le droit de descendre en-dessous de 20 kmh de moyenne. Ainsi, la moyenne générale de 20 kmh sera assurée. Et c'est ce que j'ai fait !
Dans l'autre sens, Neumagen again. Je me tape l'incruste au camping municipal et je me sers sans demander à la citerne d'eau potable. Et par ici 1 litre et demi qui me permettront de tenir jusqu'à Temmels, à 60 km. Personne ne m'a vu ? Si, peut-être, mais un tel culot ne se voit pas forcément du premier coup d'œil !
Le retour souffle tout ce qu'il peut, et le vent semble même s'être renforcé. Heureusement, il est latéral, et il est facile de combiner avec.
Un couic-couic désagréable se fait entendre au niveau de mes roulements qui aujourd'hui ont eu pas mal de flotte.
Je m'assois sur un petit muret de vignes, puis, 16 pulvérisations plus tard, me voilà en route dans un silence désormais d'or…
Je travaille avec tout le corps : cuisses, bras. Peu avant Thörnich, je me trompe de chemin transversal, demi-tour.
La très longue piste qui longe Mehring est super venteuse. Aujourd'hui il y a vraiment beaucoup de randonneurs à vélo, et si, d'ordinaire, je dis des Allemands qu'ils ont un excellent comportement sportif sur piste (ils ne roulent jamais de front, se mettent en file indienne, saluent, etc…) il n'en va pas de même pour cette partie de la population qui fait du vélo certes mais n'est pas très sportive. Alors on reste de front contre vents et marées, on rouspète à cause du roller, etc… Mais qu'est que j'en ai à faire…
Trèves ! Et sa piste en pavés, vent de face. Intéressant. La longue piste défoncée par les racines entre Trèves et Konz me fait un peu mal aux talons.
Wasserliech, Oberbillig, et enfin Temmels ! Il était temps, nous n'avions plus une goutte. Puisage en règle de 3,3 litres, (ça doit tenir jusqu'à la fin, car je n'ai pas envie de passer par Besch) et addition de poudre partout sauf 1 bouteille que je garde pure (je fais toujours comme ça, ça peu servir à délayer, ou même parfois à laver une plaie… ce qui heureusement ne fut pas nécessaire).
Le sac est lourd mais ça ira. Wellen Nittel. Nittel - Wormeldange, ou l'interminable ligne droite face au vent. Passage du pont, route du Vin.
La route du Vin : ce dimanche, les Luxembourgeois n'ont rien trouvé de mieux à faire que de sortir leurs voitures de luxe, en nombre. L'une d'entre elles est passée exactement à 5 cm de mon patin gauche, manquant de peu de m'arracher la jambe. Pour réussir un tel exploit il lui a bien entendu fallu mordre un peu sur la bande cyclable. J'ai gueulé, dans le vide, en brandissant ma gourde. Geste inutile et dérisoire.
Staedtbredimus enfin et sa piste vers Remich. Remich où ici tout le 3 ème âge Luxembourgeois s'est donné rendez-vous afin de faire causette. Se faufiler au-milieu de toute cette faune n'est pas une mince affaire. La piste vers Schengen enfin, puis Schengen, puis la route du Vin vers Contz-les-Bains. Quand vous sentez que la route passe de lisse à défoncée c'est que vous êtes arrivés en France.
Berg-sur Moselle: les flaques d'eau se sont écoulées quelque part, on ne sait où… Mailing - Koenigsmacker : 5 km de très gros gratton face au vent. Mes talons protestent. Yutz. Je me demande si je vais croiser une connaissance par ici, genre Pat, flirtant avec les 50 kmh vent de dos… Mais non, personne.
La rencontre aura lieu un peu plus loin, entre Thionville et Illange. J'aperçois droit devant moi deux patineurs qui ne patinent pas du tout comme monsieur tout le monde. On se connait. Ce sont des compétiteurs de vitesse, ceux-là et je les connais bien. Quelle joie de découvrir Isa et Jérôme, vêtus de leur combi, en mode speed skating (un peu tranquille, m'a-t-il semblé ?) Mais je dois être bref, nous nous sommes arrêtés tout au plus 1 minute, car je dois repartir, je dois finir ce ride de 325 km à plus de 20 kmh, et je n'ai pas droit aux pauses… Je leurs promets un récit complet. Là, je crois que c'est chose faite !
Et je repars avec une force décuplée.
Richemont; Hauconcourt, la Maxe. Les derniers kilomètres se font dans le speed, en prévision des sévères ralentissements urbains qui m'attendent en ville.
Je franchis les gravats du Pont Eblé du mieux que je peux. Je franchis le carrefour de la Rue de Blida le plus vite possible. Et ensuite je grimpe à l'assaut des Hauts de Vallières. C'est gagné. J'arrive en haut des côtes. J'ai réussi. Je suis à 7 minutes de moins que 16 heures. (sur 325 km) Pas besoin d'être un as du calcul mental pour voir que je suis au-dessus des 20 kmh…
Je monte chez moi, heureux. Allez, une petite bière là-dessus et une bonne douche…
J'aurai bu au total 9 litres d'eau + poudre isotonique + 2 canettes de Red Bull, soit presque 10 litres au total. J'ai puisé environ 1 litre d'eau en trop.
Ce matin, en roller pour aller au bureau, de la fatigue bien sûr, et une légère douleur dans le muscle du fessier gauche.
Je vais maintenant laisser le temps à mes jambes de bien récupérer.