17 Février 2013 (dimanche)
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Grosse rando 212 km en M100 + Matter Image 110 mm usées en 105 mm
J’avais initialement prévu un ride de 260 km en 13 heures (5h00 - 18h00), à 20 kmh de moyenne. Les conditions météo, et l’état des pistes, en décidèrent autrement.
De 04h50 à 16h57, soit 12h07 pour 212,3 km, soit 17,52 kmh
Détail des moyennes :
Aller : De 04h50 à 11h15, soit 6h25 pour 108,6 km, soit 16,92 kmh
Retour : De 11h15 à 16h57, soit 5h42 pour 103,7 km, soit 18,19 kmh
Mais quelles sont ces moyennes catastrophiques ? Explications ci-dessous.
Pour cette rando, je me suis préparé longtemps à l’avance. Depuis le week-end dernier, ni footing ni roller.
En fait la vraie raison de ce repos était une douleur au tibia (périostite, inflammation des ligaments qui maintiennent le muscle du mollet au tibia : je compte bien laisser guérir cela avant les beaux jours).
La veille, le samedi, je suis resté chez moi à tout préparer, et à m’occuper de la maison.
J’embarque sac à dos + sac banane, contenant nourriture abondante et diverse, 50 cl de miel dilué, 3,2 litres d’eau + poudre isotonique, un petit pot de poudre isotonique.
Je suis chaudement habillé en haut, et en bas, c’est l’habituel short cycliste. Gants, casquette de hockey, clés allen, lampe led frontale, lampe rouge arrière, un lubrifiant en spray pour les roulements.
La neige abondante qui est tombée a seulement commencé à fondre samedi, à la faveur de températures comprises entre 1°C et 7°C.
Aussi, je compte beaucoup sur cette fonte des neiges pour que les pistes soient praticables. Comme on va le voir, j’ai pêché par trop d’optimisme !
Pour la journée de dimanche, un vent d’Est est annoncé, jusqu’à 20 kmh, de quoi bien sécher le sol. J’opte donc pour les Matter Image, et non les XG qui risquent de trop me scotcher sur place.
Je me lève à 4h00 du matin et mets les voiles à 4h50 directement en roller en face de chez moi. La température est clémente, positive, pas de beaucoup, mais positive. Ma voiture est couverte de rosée qui n’est pas givrée, c’est bon signe.
ça roule bien, mais en sortie de Marly, au grand rond-point, je constate que les routes sont trempées, à cause d’un brouillard très mouillant. J’hésite à faire demi-tour pour monter les XG à la place des Image.
Allez, c’est décidé, je fais demi-tour pour mettre les XG. Mais arrivé devant ma maison cette fois je constate que tout est sec !
Ah, la peste soit de ces hésitations ! Ce demi-tour m’a fait perdre un quart d’heure, et 4,9 km pour rien, car je repars dans l’autre sens encore une fois, cette fois-ci bien décidé à affronter le mouillé, même en Matter Image.
Qu’à cela ne tienne, partir à 04h50 ou à 05h04, la différence est faible.
L’avenue du Général Franiate s’annonce avec sa très longue ligne droite, déserte. J’ai une bonne pêche et ça roule bien, c’est juste humide en fait. Des gyrophares au loin… un accident ?
Accident, en effet, à un carrefour. 4 voitures de police, samu, pompiers, tout le monde est là. Brancards, ambiance terrible, ça sent la mort.
Bon sang, ce qui ressemble à un moteur de voiture repose au beau milieu de la rue, entouré de débris. Il y en a pour qui une longue rando commence, et d’autres pour qui la nuit se termine tragiquement.
Je mets 45 minutes à atteindre l’usine de La Maxe, début de la piste cyclable. Au même moment, je pénètre dans un épais brouillard.
Ma lampe led frontale fait un écran blanc devant moi. Je n’y vois pas à 3 mètres. Mais, fort heureusement, la piste est sèche.
Je me guide grâce aux bandes blanches en bordure de piste : les restes de neige ! Mon allure est de ce fait fortement réduite, jusqu’au pont de l’A4, entre Argancy et Hauconcourt.
La piste rectiligne de Hauconcourt à Richemont semble enfin émerger du brouillard, seulement, un autre problème surgit : ici, des paquets de neige fondue sont restés sur la piste.
Mieux vaut les éviter, car quand je passe dedans, soit ça ralentit, soit ça dérape.
Plus je me rapproche de Richemont et plus les restes de neige sont importants. Jusqu’à atteindre de graves proportions.
Entre Richemont et Uckange, je dois carrément marcher, roller aux pieds, tout au long de 500 mètres de neige fondue. Mais comme 1 km auparavant je m’étais un peu embourbé, cette neige fondue nettoie un peu mes platines et mes roues.
Le ciel blanchit et cette fois c’est toute la piste en béton (Uckange - Passerelle d’Illange) qui se trouve être sous la neige.
Pour couronner le tout, la température, qui n’était que de +1°C à 5h00, continuera de baisser jusqu’à 7h30. Donc, la neige fondue se transforme en glace.
Il ne s’agit plus de marcher roller aux pieds dans la neige, mais essayer d’avancer sur un sol chaotique, de glace et très casse-gueule.
Il est évident que je ne pourrai pas faire 260 km aujourd’hui. Un rapide calcul mental m’informe que je suis dans les 15 kmh de moyenne. Je me demande pourquoi je m’obstine à avancer ainsi, péniblement, à 2 kmh.
Certainement car j’imagine que plus loin, ce sera mieux… ou pire !
Illange - Thionville : enfin un peu de piste sèche. La petite descente entre la rue de la Digue et les quais de Thionville est entièrement couverte de glace. Ensuite, c’est de la neige. Je descends en agrippant la rambarde de sécurité.
Les quais de Thionville sont donc sous la neige, puis ça se dégage un peu. Je franchis le Pont des Alliés, qui est un peu givré par endroits malgré le salage !
Je passe par le centre ville de Yutz, pour récupérer la piste cyclable, à hauteur du stade de rugby. Là encore, la piste est gelée. Je dois marcher dans l’herbe car on ne peut pas se tenir debout sur la piste. Au bout de 1500 m environ ça va mieux et je peux recommencer à rouler.
Mais la piste entre Yutz et Koenigsmacker est traître. D’apparence dégagée, de larges portions sont givrées et plus que glissantes ! Ensuite, le gratton entre Koenigsmacker et Malling est encore pire.
Puis à Malling et à Berg, ce sont les boues avec lesquelles il faut négocier. Je monte au village de Berg afin de prendre la D64 et là enfin ça roule bien.
Je me prends la grande descente à près de 50 kmh, malgré un sol très humide, et le dernier virage en bas est un peu limite quand même…
Un type qui me suivait en voiture (mais de loin) me dépasse enfin, en se cognant la tête avec son doigt… Faut dire que malgré le froid je suis en short court, et avec mon sac à dos, ma casquette, j’ai peut-être l’air en effet un peu spécial…
Et s’en sera fini du givre, de la glace et de la neige aujourd’hui. Tout se passe bien sur la route touristique qui mène à Schengen.
La température a monté, juste ce qu’il faut pour dégivrer une portion que j’appréhendais justement question givre: Schengen - Remich.
Ensuite, après Remich et Staedtbredimus, c’est la grand route du vin qui s’ouvre à moi, humide car salée, mais bien roulante. C’est sans histoires jusqu’à Wormeldange.
À Wormeldange, je monte la rue pour passe le pont, et là-haut je vois que l’antique poste douanier (Luxembourg - Allemagne), d’architecture post-bombardement, a été rasé.
En lieu et place se trouve désormais un petit espace panoramique. J’ai ensuite le plaisir d’emprunter la piste Wincheringen - Nittel, parfaitement sèche et lisse, un vrai bonheur.
Quelques promeneurs et joggueurs qui me saluent, ainsi qu’une voiture de la Polizei qui s’écarte pour me laisser passer, que je salue, et qui me répond par le même salut.
Le tunnel de Nittel (le Nitteler, 640 m)… Puis Wellen. Avant de passer par-dessous la route pour regagner la piste, un panneau de signalisation me prévient que ça va pas être joli-joli.
J’ai un mauvais pressentiment ! En effet, sur la piste Wellen - Temmels quelques traces de boue m’obligent à contourner par l’herbe, mais rien de trop méchant.
J’arrive sans trop de problèmes à Temmels. Je dépasse le burgerhauss où je puiserai un peu d’eau au retour, mais pas trop, car avec ce froid, j’ai finalement assez peu bu.
Après Temmels, ça se complique. La piste fait une descente vers Oberbillig, mais la piste est totalement sous des tonnes de boue sur 1500 m.
Il est 11h00 et cela fait 6 heures que je roule. À force d’avoir marché et sautillé sur la glace, mes abducteurs au niveau des hanches et des cuisses (surtout la gauche) sont extrêmement fatigués et me font mal.
Je ne vois absolument pas comment je pourrais franchir cette zone boueuse, impossible. Je vais devoir faire demi-tour, à seulement 1500 m d’Oberbillig.
De toutes façons, Oberbillig n’était pas mon but. Mon but était plutôt Kenn, après Trier et Ruwer, à 130 km du point de départ, afin de me faire le 260 bornes initialement planifié.
Mais je dois reconnaitre la supériorité numérique de tous ces facteurs : Brouillard, neige fondue, neige gelée, glace, verglas et autres boues.
Je fais demi-tour. Le léger vent d’Est est cette fois-ci plutôt favorable, c’est toujours ça de pris. Par contre, ma hanche gauche me fait mal : les abducteurs sur le dessus de la cuisse.
À force de sautiller en force dans la neige et de ne pas s’hydrater correctement, voilà ce qui arrive.
Je double la dose de poudre isotonique dans mes gourdes, et au bout de 2 heures de ce traitement, ça ira mieux, mais au ralenti, car cette douleur semble m’avoir pompé toute mon énergie.
Temmels - Burgerhauss : je puise 50 cl d’eau, même si cela n’est pas nécessaire, par sécurité. Je passe aussi mes platines et mes roues sous le jet du robinet pour un décrassage express.
Et c’est encore une fois Wormeldange, puis la route du vin, où certains automobilistes font des pointes de vitesse assez effrayantes. Staedtbredimus et Remich se succèdent, sans histoires.
Schengen, puis la route grattoneuse vers Contz-les-Bains. C’est dur, les côtes sont éprouvantes, ma douleur est tenace.
La côte entre Haute-Contz et Berg-sur-Moselle est mortelle, mais pas à 100% mortelle. La preuve, j’arrive en haut vivant.
En guise de récompense, j’ai droit à une bonne descente de 500 m, position descente. En bas de la descente, qui fait cuvette (ça remonte en face), un radar pédagogique m’affiche 47 kmh, et me fait un petit smiley, du coup.
Et du même coup, la montée en face n’en est plus une, ça monte tout seul.
Ensuite je bifurque à gauche, pour rejoindre la piste cyclable, par un chemin très grattoneux et très pentu, sur lequel je dois pourtant bien freiner car je dois négocier un virage à angle droit en bas.
Et c’est le retour sur ma bonne vieille piste, très embourbée ces dernier temps. Des pêcheurs luxembourgeois sont dans le coin, un des plus calmes et sauvages du parcours.
Je dois encore négocier avec les boues de Malling. Ce sont des boues d’argile, très collantes.
Les fortes vibrations du gratton de Malling - Koenigsmacker délogeront la plus grande partie de ces boues, et je parachèverai le décrassage en roulant directement dans quelques grandes flaques d’eau.
Je roule tranquillement, faute de pouvoir rouler énergiquement, entre Koenigsmacker et Yutz. J’économise mes forces. Une douleur d’abducteurs et c’est terminé. ça pompe tout.
Après Yutz et Thionville, je constate que la petite montée vers la rue de la Digue a conservé des traces de glace et de neige. Il y a des coins comme ça, qui sont totalement réfractaires, têtus, obstinés.
Même la piste en béton entre Illange et Uckange a abdiqué : tout a fondu. Par contre, les boues à Uckange sont toujours là !
Puis c’est Richemont, Hauconcourt, La Maxe, et là tout a séché. Le double dosage de poudre isotonique a fait son effet et je peux mettre davantage d’énergie dans mon patinage, mais pas trop non plus.
Après La Maxe, ce sont 15 km de traversée urbaine, le long desquels je croise de nombreux promeneurs du dimanche. Ensuite, c’est Marly, bien paisible, et la maison.
Et c’est toujours un grand bonheur que de se retrouver en famille après toutes ces souffrances. J’ai beaucoup de choses à ranger et à nettoyer, à commencer par moi-même.
Il me reste beaucoup de nourriture ainsi que 70 cl d'eau sur les 3,2 l embarqués + 50 cl puisés, soit 3 litres bus.