05 Mai 2013 (Dimanche)
Dimanche 05 mai 2013 ultra endurance speed 335 km (Marly - Niederemmel - Marly)
J'ai dépassé mon record de 10 km
De 03h30 à 19h29, soit 15h59 pour 335,3 km soit 20,97 kmh
Aller : de 03h30 à 11h15, soit 7h45 pour 167,66 km, soit 21,63 kmh
Retour : de 11h15 à 19h29, soit 8h14 pour 167,66 km, soit 20,36 kmh
http://www.openrunner.com/index.php?id=2465347
J'ai pris la décision de faire ce 335 km ce jour-là il y a 1 semaine environ. Aussi mes 3 sorties précédentes ont été légères, afin de me reposer tout en restant actif.
La météo m'a préoccupé aussi, a tel point que je consultais 3 sites différents (meteociel, meteofrance, wetter .com).
Finalement pour ce dimanche des conditions optimales semblaient réunies :
De 5°C le matin à 20°C l'après-midi (beaucoup plus au soleil);
Vent de Nord 5 kmh (donc très faible) forcissant 10 kmh en soirée (tant mieux, car le soir je l'aurai dans le dos).
Mais en réalité, en milieu d'après-midi, le vent a soufflé à 10 kmh du SW, et était donc clairement défavorable.
La veille, le samedi, je me repose dans le jardin, je prépare mes affaires.
Le point essentiel est de bien calculer la consommation en eau + poudre isotonique, afin de faire le minimum de pauses ravitaillement-eau qui font perdre beaucoup de temps.
Voici ce que ça donne :
Départ:
Je décolle avec 3,5 litres, pour tenir jusqu'à Temmels, à 100 km, soit 5h à 20kmh.
Temmels :
Puiser de quoi tenir jusqu'à Neumagen* (* dans le sens du retour, donc je dépasse Neumagen sans m'y arrêter et je puise au retour)
Soit 75 km aux heures chaudes de la fin de matinée - début d'après-midi.
Soit presque 4h, donc disposer de 4 litres car à ces heures-là je peux boire jusqu'à 1 litre par heure.
Neumagen (dans le sens du retour) :
Puiser de quoi tenir jusqu'à Temmels, soit 60 km, aux heures les plus chaudes de la journée.
Disposer de 4 litres.
Temmels (dans le sens du retour) :
Puiser de quoi finir : encore 100 km avant la fin.
Avoir le maximum, soit 4,5 litres.
Ainsi, je limite les pauses ravitaillement. Par contre, je vais avoir du poids dans mon sac à dos.
Je dispose de 4 bouteilles de 1 litre et d'une bouteille de 50 cl.
J'embarque un pot entier de poudre isotonique Isostar (Hydrate & Perform), plus un pot plus petit.
Sur les 3,5 litres d'eau que j'embarque au départ, 2,5 litres sont déjà mélangés avec de la poudre. Je garde 1 litre d'eau pure pour couper au cas où ma boisson me paraitrait trop chargée.
Nourriture : Figues sèches molles, pruneaux, 2 brioches, quelques madeleines, biscuits,
4 sandwiches au camembert qui pue, quelques morceaux de fromage (comté), 4 sandwiches au miel.
Finalement, c'était 3 fois trop, car je n'ai mangé que le fromage et les sandwiches au fromage, un peu de figues et de pruneaux et un peu de madeleines.
Vêtements : Short cycliste, débardeur, veste de sport pour le matin, bonnet (pour le matin, et pour bien fixer ma lampe frontale), casquette pour la journée. Lunettes de vélo fumées, mitaines.
Un autre point essentiel, et pas des moindres, est bien évidemment les rollers eux-mêmes.
Ayant cassé mes vieux M100 2006, j'en ai racheté une paire (2009), d'occasion, mais je n'étais pas satisfait de leur maintien et de plus ils ont une garde au sol plus haute de 5 mm.
Mais, après une petite balade avec mes enfants, j'avais trouvé qu'ils n'étaient pas si mal, après tout.
La raison est que j'avais cassé mes rivets de spoilers sur mes vieux M100, et les avais remplacés par des vis.
Le jeu du spoiler finissait par provoquer quelques douleurs aux chevilles sur les très longues distances (par manque de maintien).
Avec les nouveaux boots, ce problème était bien sûr éliminé.
Enfin, j'ai monté sous ces boots mes vieilles platines Salomon Slab 4x110 avec un jeu de Matter Image jaunes presque neuves, afin d'avoir un maximum de roulage et d'inertie.
Je me suis fait une feuille de route, étalonnée en 20 km, afin d'évaluer mentalement ma moyenne en temps réel, sachant que 20 kmh me paraissaient le minimum acceptable.
Il me suffit de consulter ma montre à chacun de ces repères pour savoir si je suis au-dessus des 20 kmh.
0 km - Marly (par le vieux Marly)
20 km - Pont d'Argancy (avant la centrale)
40 km - Rue de la Digue à Thionville
60 km - Une île sur la Moselle au niveau de Berg sur Moselle
80 km - Fin de l'esplanade à Remich
100 km - Wellen (Temmels est juste après)
120 km - Romerbrücke à Trier (2ème pont)
140 km - Entre Riol et Mehring
160 km - Neumagen. (Le demi-tour se fait à Niederemmel, au km 167,5)
180 km - Leiwen
200 km - Longuich
220 km - Piste de Konz
240 km - Après Nittel
260 km - en face de Besch
280 km - Après Malling
300 km - Uckange
320 km - Rue du trou aux serpents
335 km - Marly
La veille, je procède à un décalage de mon rythme biologique : Je mange à 11h00, puis à 18h00, je me couche à 20h00.
Quand je me réveille à 02h30 du matin, j'ai faim et je suis en forme.
Un gros bol de muesli et je tâte la température dehors : 9°C. Sauf que la température n'a pas fini de descendre. Elle atteindra son plus bas vers 06h30.
La veste et le bonnet sont donc nécessaires.
Et c'est un départ à 03h30 pile, au milieu de la nuit calme de Marly. À Metz, de nombreux groupes de couche-tards alcoolisés déambulent bruyamment.
J'ai mis la musique dans mes oreilles, juste pour les 3 premières heures, car le ipod tombe en panne de courant, et de toutes façons je n'ai pas envie de me saouler de musique pendant toute une journée.
Par contre j'ai pensé à mettre des piles neuves dans ma lampe frontale. C'est plus que nécessaire, surtout que de la brume s'est levée au bord de la Moselle. La température chute.
A Thionville, sur le pont des Alliés, quelques couche-tards se baladent, il est environ 5h00 du matin, le ciel blanchit.
Les brumes tardent à se dissiper, et vers 6h30, le soleil apparaît comme un disque pâle au-dessus de l'horizon.
Je suis en avance sur mon planning, je fais une moyenne de 22 à 23 kmh.
Schengen, Luxembourg : il n'y a pas un chat. Remich, des préparatifs sont en cours pour l'installation d'un marché, ou d'une kermesse,
le long de l'esplanade.
La route du vin est calme, et à Ehnen, je décide d'enlever ma veste pour rester en débardeur, et de troquer mon bonnet contre une casquette. Je range également ma lampe frontale. Il est environ sept heures trente.
Du coup le sac à dos est vraiment bourré, Il fait encore frais, mais ça ira.
A Ehnen, des travaux sont en cours pour l'aménagement d'une piste cyclable. La bande cyclable qui était peinte à même la chaussée a été effacée. Le problème est que cette nouvelle piste sera apparemment très étroite et tortueuse : inadaptée au roller.
J'espère pouvoir à l'avenir continuer à emprunter la route. Mais au Luxembourg, où règnent en maîtres les propriétaires de grosses cylindrées, il n'est pas rare de voir passer un 4X4 à moitié sur la bande cyclable. Alors si la bande est effacée, cela promet !
Idem à Wormeldange, la bande cyclable a été effacée au profit d'une piste cyclable qui passe plus près de l'eau.
Je franchis le pont de Wormeldange et me retrouve en Allemagne, direction Nittel. ça roule très très bien, le vent se lève à peine face à moi. J'atteins le km 100, Wellen, au bout de 4h30 de ride, il est 9h00, puis, c'est Temmels où je m'arrête au Burgerhauss afin de faire le plein d'eau au robinet.
Comme il me reste 1 litre d'eau, je ne puise que 3 litres pour tenir jusqu'à Neumagen sur le retour. Je fais mes mélanges de poudre, range mon sac, et repars environ 8 minutes plus tard. Je suis chargé mais ça va.
A Oberbillig, les structures anti-inondations ont été laissées en place. Craindrait-on encore des inondations tardives par ici ?
Il est à noter que la Moselle est haute, de couleur marron, et qu'elle charrie de nombreux débris végétaux.
En dépassant Oberbillig, direction Wasserliech, j'ai enfin la sensation d'être sur un de mes très longs rides, car je dépasse désormais les 110 km à l'aller.
Wasserliech où, je ne sais pas pourquoi, je croise à chaque fois des promeneurs de chiens plutôt réticents à laisser leur place sur la piste matinale...
Puis c'est l'immense pont de Konz, qui enjambe l'embouchure de la Saar dans la Moselle. La Saar est d'un coloris marron légèrement différent de celui de la Moselle, mais disons que les deux se valent, et n'ont aucune peine à se mélanger dans une teinte trouble et opaque.
Tout ceci sent l'inondation, l'eau est parfois proche du bord de la piste.
Après le pont de Konz, je constate avec joie que les portions de piste qui étaient soulevées par les racines des arbres ont été refaites.
Donc ce sont des patches, mais des patches de très bonne qualité. Attention toutefois, car ces zones fraichement refaites ont été sablées.
Puis ce sont les inévitables 4 km de piste pavée de Trier, où ma seule consolation est de croiser et de dépasser quelques charmantes joggueuses allemandes.
Je ne sais pas quelle fête religieuse (catholique sans doute) a lieu, mais plusieurs processions marchent le long de l'étroite piste pavée en chantant.
Ensuite c'est Ruwer, où un automobiliste qui avait sous-estimé ma vitesse d'approche s'est engagé, mais sans conséquences, et après c'est Kenn.
Kenn où je dois faire demi-tour sur la rue principale, qui est en travaux. Je dois improviser en passant plus bas, par un chemin d'accès à un supermarché.
Enfin je rejoins à nouveau la Moselle à hauteur de Longuich, et c'est parti pour les 35 derniers kilomètres avant le demi-tour.
Les portions en pavés de Riol et de Polich sont bien avalés grâce à ma configuration 4x110 + chausson confortable !
Je dépasse Detzem puis Thörnich, qui marquent l'entrée dans la "petite Suisse", cette région de la Moselle très escarpée, magnifique, avec ses vignes à flanc de colline.
(Des vignes très en retard sur la saison au niveau des bourgeons).
Ensuite je passe Kowerich, où un artisanat de piquets de vignes en bois parfume tout le coin d'une odeur prégnante de créosote (ce goudron que l'on obtient par chauffage et distillation du bois).
Et voici les inondations : À Leiwen, la piste est sous la Moselle, et je dois emprunter la route (heureusement très calme) sur 500 mètres.
À l'approche de Neumagen, je voudrais m'assurer qu'il est possible de puiser de l'eau au réservoir d'eau potable utilisé par les propriétaires de bateaux, sur le quai.
À un homme qui est là, je lui demande, dans un allemand médiocre, mélangé d'anglais, si je peux puiser de l'eau à ce réservoir.
Il me dit que non, que c'est réservé aux propriétaires de bateaux.
Ok... tant pis, j'aviserai sur le chemin du retour, quand je repasserai par ici dans moins d'une heure, car permis ou non, le réservoir d'eau potable est bien là, en service, et c'est surtout ça que je voulais savoir !
Je continue le chemin vers le pont de Neumagen mais me trompe un peu et dois traverser un bon 100 mètres de gravier.
Enfin en haut du pont de Neumagen, j'entame les derniers 7,5 km avant le demi-tour.
Je passe Piesport, franchis le pont de Niederemmel, et c'est fini pour l'aller.
Il est 11h15, j'ai mis 7h45 à l'aller, un temps excellent. Je pense que je vais mettre plus longtemps au retour, avec la fatigue de la fin de parcours, mais on verra bien.
Neumagen à nouveau, et son fameux réservoir d'eau si convoité. Juste en face du réservoir, un couple âgé, à bord d'un bateau, m'observe.
Je leur demande dans un allemand approximatif si je peux prendre un peu d'eau. À voir leur réaction, je pense qu'ils n'ont pas compris. Je répète en anglais : "Please, can I take a little water from the tank ?".
Peine perdue, là encore, ils ont l'air de refuser et même de paraître choqués ! C'est pas possible, je répète encore. Même que c'est juste pour prendre 4 petits litres d'eau.
Et là soudain, la vieille dame a un éclair de compréhension : "Ha ! Water ! Yes, of course, you can take water !"
Ouf, enfin, ça y est, sauvé. En fait, ils avaient cru que je voulais puiser du DIESEL au réservoir de carburant juste à côté !
On rigole de notre méprise, et je procède enfin à mes remplissages et mélanges de poudre. Il me faut disposer de 4 litres jusqu'à Temmels, il me reste 50 cl, je ne puise donc que 3,5 litres. Plus les mélanges.
J'ai passé plus de 10 minutes avec tout ce quiproquo. Mais quand je repars, c'est avec un bon poids d'eau dans le dos, bien sécurisant, sous un énorme soleil et une grosse chaleur qui me font picoler comme un trou.
Je repasse par Leiwen en évitant la portion de piste inondée en passant par le centre ville, et non plus par la route; Après quoi je récupère la piste comme avant.
Kowerich encore et ces entassements de piquets goudronnés : je respire encore le parfum de la créosote, que j'aime beaucoup, pourtant, ça pue la traverse de chemin de fer, mais je ne sais pas pourquoi, j'adore cette forte odeur.
Vers Longuich, alors que le vent semble s'orienter au SW, donc défavorable, un cycliste allemand me rattrape pour me dire : "Wow, you go very fast ! twenty-seven kilometers !" (en anglais, direct. Ça se voit donc tant que ça, que je ne suis pas Allemand ?)
Et on discute un peu… il m'encourage… et me dépasse. Selon mon planning, à Longuich sur le chemin du retour, c'est là où j'atteins les 200 km. Le moral est bon, le physique tient le coup. C'est important quand on sait qu'il reste encore 135 km.
À Kenn, cette fois, je sais par où passer pour éviter la rue en travaux. Je franchis Ruwer et Trier sans histoires, mais avec beaucoup de promeneurs, par contre, et je dois à chaque fois me signaler en criant "Achtung !", et remercier par "Danke"…
Je repasse le pont de Konz, avec freinage en "T" obligatoire dans la pente étroite qui rejoint la piste. ça fait mal aux roues, mais j'alterne…
À Wasserliech, un tournoi de foot se déroule sur le terrain entre la piste et la rivière. Les joueurs ont des maillots bleus ou rouges. Certains sont torse nus, ce doit être la mi-temps, et il fait très chaud.
J'approche enfin de Temmels où je vais procéder à mon dernier ravitaillement en eau. J'ai encore 1 litre avec moi. Au burgerhauss, je puise 3,5 litres et fais mes mélanges de poudre.
Je termine la grosse boite d'Isostar (je la jette après à la poubelle), et entame le petit pot. Ça fait un peu plus de place dans mon sac à dos.
Je quitte le Burgerhauss. Près de la fontaine, en face, des enfants jouent au ballon, à l'ombre des arbres.
C'est parti pour les 105 derniers kilomètres. J'embarque 4,5 litres rien qu'en eau, ça pèse, mais ça ira. Un peu de nausée fait que je n'arrive plus vraiment à manger. Je compense avec une boisson isotonique assez chargée.
Ensuite, c'est Wormeldange puis la route du vin. Une route du vin très chargée en circulation. Certains automobilistes, peut-être énervés de voir un roller rouler sur la bande cyclable, décident de me frôler puis de rouler à moitié sur la bande.
Mais comme des cyclistes sont devant moi, à 200 mètres environ, ils sont bien obligés d'admettre qu'il s'agit d'une bande cyclable et de se remettre sur leur voie.
Curieusement, c'est au Luxembourg que j'ai rencontré le plus d'agressivité de la part des automobilistes.
Vient ensuite Remich, où la foire bat son plein. L'esplanade est comble. La rue principale est le théâtre d'un embouteillage monstre. Je roule dans la rue, me faufile, et fuis au plus vite ce lieu de tumulte !
Schengen, en comparaison, apparaît désert. La route vers la France ouvre devant moi son gratton défoncé jusqu'à Contz-les-Bains.
Plus que 65 km, et la fatigue commence à se faire sentir. Malgré tout, je parviens à franchir à bonne vitesse les 4 km de gratton entre Malling et Konigsmacker.
Beaucoup de monde en cette fin d'après-midi à Thionville, puis c'est enfin la piste d'Illange. Plus que 40 km. Ma consommation en boisson a baissé, du fait d'une certaine nausée.
Talange, plus que 25 km. Un cycliste français m'encourage. Il me suit jusqu'à La Maxe. Un peu de fraîcheur enfin au bord de l'eau, puis c'est les derniers 15 km de traversée urbaine, de La Maxe à Marly.
Je traverse Metz du Nord au Sud, les feux rouges, les priorités, les ronds-points sont en train de m'achever.
Puis, alors que je suis en train de rentrer dans Marly, je résiste à la tentation de couper à travers le parc, et je m'oblige à reprendre le même chemin à travers le centre de Marly, jusqu'à ma maison, jusqu'au bout !
Et enfin ça y est, je suis arrivé, il est 19h29, j'ai mis 15h59. Moi qui tablais sur 16h45 maximum, je sais que je suis au-dessus des 20 kmh.
Mon fils est là, on parle… je jure mes grands dieux que plus jamais je ne referai ça, c'est trop dur. C'est ce que je dis à chaque fois…
À 20h00, claqué, lessivé, sans ranger mes affaires, je me couche et m'endors sans boire ni manger.
Le lendemain matin, je ressens un mélange d'intense fatigue, d'euphorie et d'extrême légèreté. Certains muscles sont étonamment toniques, d'autres sont réduits en compote.
J'ai bu presque 13 litres, et perdu plus de 2 kg.
Il va me falloir quelques jours pour bien récupérer !