Dimanche 07 juillet 2013 : 335 km de Marly à Niederemmel aller-retour, en 15h30 (21,6 kmh) !
J'ai fait des photos… je mets ça en ligne bientôt !
Voilà déjà les photos :
https://picasaweb.google.com/gui.gui.ro ... directlink
De 04h30 à 20h00 pile précises ! (j'aime les chiffres ronds… ce que le mental et le physique peuvent produire parfois…)
soit 15h30 pour 335 km, soit 21,6 kmh.
Aller : de 4h30 à 12h10, soit 07h40 pour 167,5 km, soit 21,84 kmh
Retour : de 12h10 à 20h00, soit 07h50 pour 167,5 km, soit 21,38 kmh
Température : de 17°C le matin à 30°C au plus chaud puis baissant à 26°C.
Vent : de secteur Nord-Est, de 10 - 20 kmh défavorable à l'aller
Au retour, vent forcissant jusqu'à 30 kmh en rafales, favorable.
Soleil, soleil, soleil…
Poids moi seul : 64 kg
Poids du sac à dos : 5 kg
Poids total tout embarqué (rollers, sac à dos, sac banane, 1 bouteille d'eau tenue à la main, appareil photo, casque) = 75,5 kg
J'embarque donc 11,5 kg, soit 17,19 % de mon poids corporel en plus !
(11,5 × 100 ÷ 64 = 17,19 - 11,5 représente 17.19% de 64)
J'ai bu 14 litres juste pendant la rando.
3 pauses ravitaillement en eau qui ont duré chacune dans les 10 - 15 minutes.
Le lendemain, je passe toute la journée à la piscine en plein air de Remich, entre siestes et piquage de tête dans l'eau : idéal pour récupérer…
Deux jours avant cette grosse rando, je me demandais comment ça allait se passer. La météo annonçait beaucoup de vent contraire à l’aller, et près de 30°C l’après-midi.
Je me suis dit que dans ces conditions, pas la peine d’essayer de faire un pur “chrono”, comme je l’ai fait deux fois sur 300 km.
La moyenne serait forcément faible, alors autant y aller pour une vraie endurance sur 335 km. La moyenne, ce serait en option, en bonus, quoi.
Une fois cette décision prise, la stratégie se met en place toute seule, et tout a été simple.
Je vais donc réitérer ma grosse rando de 335 km, avec les 3 pauses ravitaillement en eau.
Cette fois, j’ai pensé à peser mon sac à dos plein, avec ses 3,5 litres : il pèse 5 kg.
Ensuite je me suis pesé seul : 64 kg. Et enfin je me suis pesé avec tout le bazar au complet (sac à dos, sac banane, 1 bouteille de 1 litre à la main, appareil photo, rollers) : 75,5 kg !
Je n’aurais jamais cru ! J’embarque 11,5 kg… et en plus c’est à peu près ce que je fais à chaque grosse rando… avec les grattons et les pauses ravitaillement, on comprendra que mes moyennes ne sont pas celles d’un petit 100 km par exemple…
Deux jours avant donc, repos. Je me suis pris un congé le lundi pour aller à la piscine en plein air de Remich, avec mes enfants, afin de me reposer et profiter du beau temps.
La veille, jardinage, préparation des affaires et repos. Coucher à 20h30, lever à 3h30 du matin, départ à 4h30 après un gros bol de muesli.
Il fait 17°C et le vent est faible. La traversée urbaine se fait sans problème. Le ciel blanchit déjà mais je tiens à la main une lampe LED afin de me signaler sur la route.
Lorsque j’atteins la piste cyclable de La Maxe, il fait bien jour, mais le soleil n’est pas encore visible. Ce n’est que vers Richemont, vers 5h45, qu’apparaitra un gros disque rouge au-dessus de l’horizon.
Plus le jour se lève et plus le vent augmente. Malgré tout, je maintiens une bonne allure. Le ciel est bleu limpide et vide de tout nuage.
La Moselle est ridée par endroits, signe que le vent souffle dessus. Je prends une photo de temps en temps, tous les 20 km environ, et davantage lorsque le coin en vaut vraiment la peine.
J’ai le Ipod dans les oreilles. Il fonctionnera pendant 12 heures d’affilée, avant de tomber en panne sèche de batterie.
La traversée de la route D64 entre Contz-les-Bains et Schengen ne pose pas trop de problème, même si le jeu de Matter Image 110 mm que j’ai monté sous mes M100 ne fait plus que 106 mm environ…
Schengen : plein de pêcheurs se sont donné rendez-vous sur la piste cyclable et y ont entreposé leur matériel, de bon matin. ça sent le café, et je dois me signaler car tout ce beau monde n’est pas très bien réveillé…
Le long des berges de la Moselle, je vois des petites tentes, des abris en toile, où dorment encore quelques pêcheurs. Souvent, des tables de camping se trouvent à côté, sur lesquelles s’empilent de grosses quantités de bouteilles en tout genre, packs de bière au sol, assiettes en carton.
Certains nettoient tout avant de partir, d’autres laissent tout sur place. J’appelle ironiquement ces derniers les “amoureux de la Nature”.
Le ride se poursuit avec Remich, où je trouve une rue principale barrée, avec des cordons “police”. Des véhicules de police luxembourgeois, italiens, allemands, hollandais, et même quelques voitures américaines de County Sheriff sont garés.
De toute évidence, il s’agit d’une exposition sur la police… Quelques curieux visitent déjà les stands, malgré l’heure matinale (environ 8h00).
Plus loin, sur la route du vin vers Ehnen, je croise une autre voiture de police “Sheriff” américaine, conduite par une paire de Ray-Ban surmontée d’un chapeau de cow-boy.
Des dizaines de voitures sont garées en plein sur la bande cyclable un peu avant Wormeldange. Ce sont encore les pêcheurs. Ils me fournissent un excellent prétexte pour rouler carrément sur la chaussée, qui se trouve être bien plus lisse, justement…
Je fonce vers Nittel, le long d’une portion en ligne droite, barrée par d’imposantes collines.
Et voici Wellen, avec ses travaux du pont de Grevenmacher. Les 100 premiers kilomètres. Je commence à être chaud…
Voici Temmels : Premier ravitaillement en eau. Sur mes 4,5 litres, il m’en reste 1. Jen puise 3, et fais mes mélanges de poudre isostar. La remise sur roue fait nettement sentir que le sac à dos vient de faire sa mise à jour…
Puis c’est Oberbillig, toujours aussi mignon, et Wasserliech, où j’atteins environ le tiers de mon parcours (environ 110 km).
À Wasserliech, les caprices de cette piste sinueuse, qui suit la Moselle dans ses zig-zags, fait que l’orientation du vent est inversée. Je l’ai donc dans le dos, et ça file à bonne allure.
Puis vient le pont de Konz, qui enjambe la Sarre. Là-haut il fait un vent vivace, sec et déjà assez chaud.
Je redescends le pont, direction Trier, Trèves. Qui m’accueuille avec ses pavés et ses jolies joggueuses du matin… Puis c’est Rüwer, toujours aussi calme, puis Kenn, encore plus calme.
C’est maintenant que commence ce qu’on appelle la “petite Suisse”, avec Longuich, Riol, Mehring.
Les côteaux abruptes de la colline me fournissent encore un rempart de fraîcheur sur ma droite, tandis que l’autre rive est en plein soleil. Mehring apparaît éclatant de blancheur, de l’autre côté.
Les étapes suivantes sont Detzem et Thörnich, fleuris, entretenus, proprets. La chaleur a nettement augmenté. Je bois 1 litre par heure.
Je franchis ensuite Köwerich, où se situe le demi-tour de mes rides de 300 km. Et, c’est une chose sûre et certaine, je suis en forme pour continuer, et c’est d’ailleurs ce que j’avais décidé : en route pour le 335 km, direction Leiwen.
Je laisse derrrière moi l’odeur de la créosote. À Leiwen, les inondations ont séché depuis longtemps et tout roule bien sur la piste.
Puis c’est Neumagen, que je dépasse. J’y puiserai au retour. Je franchis le pont de Neumagen, direction Piesport, tandis qu’aucune voiture ne me dépasse ni me croise.
Il ne me reste alors plus que 7 km avant mon demi-tour. J’observe et je profite de ces derniers instants…
Et c’est donc le demi-tour, à Niederemmel.
Effectivement, le vent de dos est tout simplement magique. Il me porte, me pousse, me transporte. Je ne fais aucun effort. De temps en temps je jette un coup d’œil à la piste…
Neumagen réapparaît plus vite qu’il n’avait disparu. Il me reste 1 litre d’eau. Je fonce directement au réservoir d’eau potable placé sur le quai des plaisanciers. Je m’assois sur un tuyeau roulé, et je commence à me remplir 4 litres d’eau.
Juste en face de moi, une dame et un monsieur allemands, à bord de leur bateau, discutent avec moi. Enfin, on essaye de se comprendre, dans un mélange anglais-allemand.
Eux ont appris de moi que j’étais complètement cinglé et que je me tapais 335 km, et qu’I was on my way back… Et moi j’ai appris d’eux qu’ils se balladaient sur la Moselle, le Rhin, en Allemagne, en France, etc…
Après un “Tchuss” je reprends ma route. Je continue de survoler la piste en mode économie. Le paysage défile à toute vitesse.
Les balladeurs à vélo se font plus nombreux, tête en l’air, roulant de front, ébahis devant tant de beauté et réagissant avec un temps de retard conséquent à mes avertissements sonores…
J’évite les vélos, survole le bitume, contrôle OK pour mes patins, check-up OK, je gère. Je poursuis, rattrappe et dépasse un cycliste allemand, qui s’exclame “ho-ho !”
C’est lui qui me poursuit maintenant. Je lui ouvre la route sur plusieurs kilomètres. Ah zut, encore des vélos roulant de front. je m’écarte et j’en profite pour laisser venir le cycliste à ma hauteur.
Je coince ma bouteille sous le bras, et je lui indique mes deux mains, côte à côte : “Nicht Gut !” Ensuite je place mes mains l’une derrière l’autre, comme en file indienne : “Gut !”
Et, aussi improbable que cela puisse paraître, mon interlocuteur comprend : “Ha, Ja, Ja ! OK !”
Puis il accélère, se place devant moi, je le poursuis dans son aspiration. On file encore un petit kilomètre comme ça. Avant de bifurquer à droite vers Riol par la berge, (lui, il continue tout droit vers Riol centre ville), je lui donne une petite poussette, et tchao).
OK…
J’avale de temps en temps quelques marshmallows et biscuits. Longuich me dit adieu, et c’est à nouveau la piste vers Kenn, Rüwer et Trèves. Il me semble que la chaleur est à son comble.
Il y a finalement pas tant de monde que ça, sur la piste… doit faire trop chaud… Les pavés de Trèves sont eux aussi survolés grâce au vent de dos.
Mais le vent est capricieux. Ce sont des rafales, puis des périodes calmes, voire avec des retours de vent en sens contraire. Un peu comme la mer. ça fait des vagues, quoi. C’est comme un énorme flux et reflux aérien, invisible, dans lequel on baigne et qui nous chahute…
Je traverse encore le pont de Konz, admire encore une fois l’embouchure immense. Puis c’est Wasserliech et Oberbillig. Et ça y est, je viens de boucler les deux tiers de mon parcours. Ce qui veut dire qu’il ne me reste plus que 110 km…
Je vais profiter à fond de ces derniers 110 km, en comptant dans ma tête à rebours, comme quand je fais des abdos ou des pompes.
Et cest Temmels, le Bürgerhauss encore, où je puise 3,5 litres. Encore une fois, il me restait 1 litre d’eau non bue. Je termine un grand pot d’Isostar, que je jette à la poubelle.
Plus tard, il faudra que j’augmente la dose de poudre de 4 à 6 doses par litre, afin d’entraver un processus de nausée qui commençait à se faire sentir, avec une perte de tonicité.
J’aurais d’ailleurs dû m’y prendre 2 heures plus tôt. Cela m’aurait évité cette sensation de fatigue. Mais maintenant que j’en suis là, je fais avec. Heureusement, il n’était pas trop tard, et au bout de 30 minutes, le tonus revient peu à peu.
Je dépasse Wellen. Désormais il ne reste plus que 100 km tout rond. Le compte à rebours mental est inévitable, bien trop évident pour ne pas s’imposer de lui-meme, en chiffres lumineux, au fond du paysage.
Ho-ho (comme dirait mon cycliste allemand), mais qu’aperçois-je ? Ne serait-ce Nittel ? Plus que 95 km…
Immense ligne droite trop facile pour être réelle, celle de Nittel - Wormeldange, puis c’est Wormeldange lui-même, qui se fait toujours un peu désirer au coin des collines, le long de la Moselle… Plus que 90 km…
Route du vin Luxembourg Wormeldange - Staedtbredimus : Et si les voitures se contentaient de 90 kmh, elle serait pas belle, la vie ? Mais il n’y a que des grosses cylindrées allemandes, qui filent à toute allure.
Staedtbredimus : Tiens ! Sur le champ de foire, il y en a une, justement, de foire : c’est une exposition de modèles de voitures de collection. De gros joujous aux couleurs de bonbons acidulés, aux courbes élégantes ou agressives, rutilantes sous le soleil.
Décidément, entre les Luxembourgeois et les voitures, c’est une histoire de passion…
Puis c’est Remich, avec encore sa foire à la police. Je roule sur la piste, je me fais engueuler. Je roule sur la route, je me fais engueuler. Il ne faut pas traverser Remich.
À Shengen, les pêcheurs ont disparu. La chaleur, sans doute… Et ensuite c’est le super gratton jusqu’à Koenigsmacker : environ 15 km de gratton !
À commencer par la D64 Schengen - Contz-les-Bains. Mais le compte à rebours me dit : plus que 65 km, et tout devient facile. Même le gratton de Malling - Koenigsmacker passe bien.
Eh oui, Koenigsmacker - Yutz : plus que 50 km. C’est une chose qu’on se dit uniquement dans ces grosses randos, ça… (plus que 50 km…)
Car désormais tout va très vite, le compte à rebours s’emballe, les chiffres défilent à toute vitesse. Déjà Thionville, plus que 40 km. Uckange, plus que 35 km. ça y est mec, tu as fait 300 km pile poil, mais t’as pas fini… alors profite bien…
Un semblant de fraîcheur s’insinue au bord de l’eau, vers Richemont, puis vers Hauconcourt, plus que 25 km. C’est un début de soirée magnifique, vers 19h00, alors que je franchis le pont d’Argancy et qu’il ne me reste plus que 20 km..
ça fait un moment que j’évalue ma moyenne, entre 21 et 22 kmh, mais je suis à peu près sûr que je vais arriver à la maison vers 20h00. Cette idée me colle au cerveau comme un chewing-gum, et à partir de ce moment-là, je vais m’arranger (inconsciemment ou consciemment) pour arriver devant ma porte effectivement à 20h00 précises.
C’est une traversée de Metz des plus calmes. Les gens ont déjà quitté le Plan d’eau, demain c’est lundi. Alors qu’il ne me reste plus que 8 minutes avant 20h00 et que j’entre dans Marly, pour le fun, j’accélère, et le dieu des feux rouges est avec moi.
Il est 20h00 et quelques secondes lorsque mes roues cognent contre la marche de ma porte.
Il fait doux, calme, mes enfants sont là : demain on va se la couler douce à la piscine en plein air de Remich, c’est le bonheur…