Salut les amis et merci pour vos posts sympas !
Comme promis mon petit retour d'expérience sur cette aventure.
L'idée de ce raid est arrivée un peu par hasard, j'ai toujours voulu traverser les Pyrénées à pied genre via GR10 ou autre mais au vu du temps requis ça ne s'est jamais fait. Mais en roller ça devenait possible sur environ 1 semaine. Le faire par les cols venait donc naturellement pour coller au plus près à original. Pour moi il n'y avait pas de notion de recherche de performance physique et le roller était même accessoire... juste le levier pour y arriver.
On en parlait depuis 2 ans avec David, puis on a réussi à se caler une date. Nous voilà au final avec 5,5 jours devant nous. Donc rallier Biarritz par les cols on avait bien compris que ce ne serait pas possible, on partait donc pour finir les principaux cols sur le chemins vers Biarritz. Et c'est parti:
Jour 1 (1/2 journée): Perpignan -Thuès: route avec bcp de trafic jusqu'à Villefranche de Conflent, pas super agréable, depuis Villefranche plus calme mais un gratton monstrueux (d'ailleurs là on sent que le 4x90 n'est pas suffisant), puis ça commence à monter pas mal (début du col de la souffrance).
Jour 2: Thuès - Ax les Thermes: route toujours pourrie puis qui s'améliore nettement, arrivé à Mont-Louis de la neige autour, il fait bien froid, fin du col de la souffrance (col de la perche ?). Direction le col du Puymorens, gros vent de face, le revêtement est ok et les % aussi, le col passe bien, arrivé en haut (+1900m) le froid et la neige qui tombe ! Sensation assez dingue. On redescend rapidement pour pas geler en haut, grosse descente mais propre et pas très technique. Ensuite gros gratton jusqu'à Ax les thermes, au final les pires douleurs c'est pas le col mais le résultat du gratton !
Jour 3: Ax les Thermes-Seix: grosse journée, Port de Lers en travaux, en montée comme en descente, l'enfer, gravillon, trous, terre etc. Les gars d'edf qui essaient de nous bloquer physiquement... la totale. Ensuite col d'Agnes, mon préféré, pas mal de neige sur les bords, magnifique, grosse descente (16%) mais propre, ça passe bien et on se fait plaisir (même si David à failli finir dans le ravin!).
Jour 4: Seix-st Béat: 3 cols, on tient le rythme, col de la Core, on est monté vite et même sprinté à l'arrivé

, descente horrible en gratton, on en a gardé un mal de cheville jusqu'à la fin. Col du Portet d'Aspet, une descente infernale, 17%, virages qui referment, on voit rien pour anticiper, le T ne suffit pas, je pars en slide mais prends trop de carre (mes roues sont très usées) c'est la chute (d'ailleurs pas loin du monument de Casartelli), sans vrai dégât physique à part un bleu sur la hanche, mais je vais réaliser dans la prochaine descente que ça m'a affecté plus que je pensais. Descente finie on enchaine sur le col de la Menté, col difficile, aucune indication, on ne sait jamais où on en est, le col est raid et c'est le troisième, on arrive en haut fatigués et on se dit, 3 cols c'est le max par jour. Début de la descente, je le sens pas, je dis à David de speeder pour arriver en bas avant la fermeture, me voilà seul face à moi même, se sera pour moi le pire moment du raid. D'habitude je n'ai pas de problème en descente, celle-ci n'est pas plus difficile que d'autres qu'on a déjà faite, j'ai les jambes raides mais c'est vraiment dans la tête que j'ai lâché, je repense à la descente précédente, je pense à mes gamins, je me dis que je prends trop de risques et que je n'en ai pas le droit... bref en grand moment de solitude, pour ne rien arranger je me prends presque un mouton qui traverse devant moi, d'habitude on fait un peu de T avant les virages trop serrés et si ça suffit pas un peu de slide, là c'est juste impossible pour moi, je descends tout en S en cassant au max la vitesse tous mes 2 virages, l'enfer, j'ai du mettre 45min au lieu de 15min. J'arrive en bas entier, mais vidé mentalement.
Jour 5: St Béat-Bagnères de Bigorre, approche assez longue du col de Peyresourde, le col est long mais la route ok, le col est fini le paysage très beau, on croise des cyclistes qui nous disent qu'il ne faudra pas compter faire le Tourmalet et l'Aubisque, fermés et dangereux, je pars seul dans la descente pour voir si ça passe mieux que la dernière d'hier, ça passe ok même si j'ai toujours un petit truc dans la tête qui me fait prendre moins de vitesse que les premiers jours, je roule seul 15km en gambergeant sur la suite du raid, Tourmalet et l'Aubisque fermés je me dis que peut-être qu'on peut rallier Biarritz en roulant à fond sur le plat depuis ici, je me pose en attendant David, regarde la carte et comprends que c'est même pas la peine d'y penser. Voilà, pas possible de finir les cols, pas possible d'aller à Biarritz, j'ai perdu l'envie et le plaisir de rouler. Reste le col d'Aspin de prévu pour aujourd'hui, mais je m'en fout. David arrive on casse la croute, on s'engueule, et on repart finalement faire Aspin, un des mes cols préférés que je connais très bien, il n'est pas simple mais le paysage est tellement beau qu'il nous porte, même si on sent bien que quelque chose s'est cassé et que la fin du raid est proche. Arrivé au sommet panorama sur le pic du midi... je trace rapidement et attaque la descente, belle descente, avec quelques lacets sur le bas ou faire gaffe quand même, je ne me sens toujours pas aérien dans la descente même si ça va, je n'arrive pas à bien me concentrer, les pensées de mes enfants me submergent, je crois que j'ai tout simplement peur de LA grosse chute. On se rejoint à Payolle, coin toujours aussi magnifique, et on trace a fond jusqu'à Bagnères de Bigorre, gros plaisir, pas mal de vitesse, c'est vite plié.
Voilà le raid est fini, il nous reste pourtant tout le samedi pour rouler, on a finalement tenu jusque ici, on était à Sainte Marie de Campan le vendredi soir, donc le Tourmalet et l'Aubisque seraient peut-être rentrés dans la journée, on ne saura jamais. J'ai de toute façon perdu en route le plaisir de rouler, et sans plaisir je ne roule pas, c'est mon moteur, l'objectif passe après pour moi. Le problème a été cette course au temps permanente, jamais le temps de profiter des paysages magnifiques qu'on traversait, toujours un œil sur la montre, sur le prochain col, la prochaine journée, sur ce qu'il reste pour finir, au final je me suis perdu dans cette course en avant, je suis parti dans ma tête avec la montagne comme amie et on a fini contre la montagne, c'est pour moi "l'échec" de ce raid, avoir perdu le but premier, le fil, juste profiter au maximum de ce qui nous entoure.